jeudi, septembre 11, 2025
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    Floo Flash is back !

    Quarante-deux ans après un unique EP culte, sorti chez New Rose en 1983, Floo Flash refait surface avec Rose Bonbon. Groupe phare de la scène power pop hexagonale, ils avaient marqué leur époque par des concerts étincelants et des premières parties de rêve (U2, R.E.M…), avant de disparaître dans le brouillard des années 80. Le hasard d’une vieille K7 retrouvée a rallumé l’étincelle : des chansons inédites, écrites à l’époque mais jamais enregistrées, reprises aujourd’hui avec un savoir-faire mûri et une énergie intacte.

    Autour de Hervé Paul, figure centrale qui a depuis mené une carrière internationale (de Bashung à Bryan Adams), Floo Flash renaît avec la complicité de fidèles et d’invités prestigieux : Jeff Eyrich (The Plimsouls, Gun Club), Mark Plati (Bowie, Bashung) ou Pete Thomas (Elvis Costello). Le tout emballé dans une pochette signée Kent, l’ex-Starshooter. Pas de nostalgie mercantile ici : seulement l’envie de rejouer ensemble, de remettre sur la table une power pop fraîche, directe et assumée.

    Nous avons rencontré Hervé Paul pour parler de ce retour improbable, de mémoire retrouvée et d’avenir encore ouvert. Les boomers are all right !

    BEST : Alors, pourquoi ressortir Floo Flash après toutes ces années ?

    Hervé Paul : Parce que ça m’amusait. Et parce que plein de morceaux n’avaient jamais été enregistrés. Mais il y avait une condition : que Jean-Luc chante encore avec l’énergie d’avant. On avait un doute, mais il a bluffé tout le monde. Sans cet élément, on n’aurait rien fait.

    Quand vous avez retrouvé cette K7 de 1985, quelle a été votre première réaction collective ?

    L’impression d’arriver au bout d’une chasse au trésor. Retrouver ces titres inédits que je cherchais depuis de nombreuses années, les enregistrer aujourd’hui avec un peu plus de savoir-faire qu’à l’époque, tout ça est devenu une évidence, un truc excitant.

    Comment avez-vous choisi les morceaux qui allaient renaître dans Rose Bonbon ? Et pourquoi « Nos Idoles » en single ?

    La sélection était assez facile : il y avait deux titres, « Nos Idoles » et « Peur de te fuir », qui étaient complètement inédits, et puis quelques autres qui n’existaient qu’en live et qui étaient des morceaux importants du groupe comme « Recommencer ». Même si c’était une de mes chansons préférées du groupe, j’avais perdu la trace de « Nos Idoles ». Je ne m’en souvenais pas en détail, la K7 m’a donné toutes les infos dont j’avais besoin.

    Qu’est-ce qui vous a frappé en réécoutant ces chansons avec vos oreilles d’aujourd’hui : nostalgie, surprise, émotion ?

    Pas de nostalgie. De bons souvenirs qui reviennent. On sonnait comme un vrai groupe, compact, énergique. C’est ce que je retiens de nous, et je pense que ça s’entend toujours.

    Quelles différences majeures voyez-vous entre votre manière de travailler en studio aujourd’hui et à l’époque ?

    À l’époque, on n’y connaissait rien. Et personne ne savait vraiment enregistrer du rock en France. J’ai appris plus tard, en travaillant aux États-Unis et en Angleterre, comment s’enregistre la musique que j’aime. Du coup, aujourd’hui je sais un peu mieux ce que je fais… tout en gardant la fraîcheur due à l’enthousiasme que j’avais mis à monter ce projet.

    Quels souvenirs gardez-vous de vos tournées avec U2 ou R.E.M ? Une anecdote marquante ?

    Avec U2, ils restaient sur le côté de la scène pour nous encourager pendant qu’on jouait. Nous, on trouvait ça normal à l’époque… Bono nous a dit ensuite qu’on avait un grand avenir ! (rires)

    Avec R.E.M., il y avait une vraie complicité musicale. À Paris, ils ont même fait un speech sympa sur nous avant leur dernier rappel. On n’en revenait pas. Peter Buck a souvent parlé de nous ensuite dans des interviews.

    Floo Flash est souvent décrit comme un groupe « power pop ». Vous reconnaissez-vous encore dans cette étiquette ? La power pop a parfois la réputation d’être une musique « éternellement adolescente ». Est-ce ainsi que vous la ressentez, 40 ans après ?

    Oui, on l’assume complètement ! Personnellement, j’ai toujours eu 15 ans d’âge mental, sinon je ne ferais pas encore ce que je fais aujourd’hui. La power pop est une musique qui se joue avec enthousiasme et insouciance, ça nous définit assez bien. On n’a jamais été un groupe « branché », on était en décalage avec le rock sérieux, cérébral, très français dans les années 80. Après, il y a eu aussi l’influence des Who et des Jam… qui nous a également affiliés au mouvement mod.

    Pour cet EP, vous êtes entourés de figures comme Mark Plati, Jeff Eyrich ou Pete Thomas. Comment ces collaborations se sont-elles mises en place ?

    Ce sont des musiciens avec qui je travaille depuis des années, qui sont devenus des copains au fil du temps. Ils suivent mes projets et je les embarque régulièrement dans mes aventures. D’ailleurs, nous travaillons déjà ensemble sur mon prochain projet solo.

    Comment s’est déroulée la rencontre avec Kent pour la pochette du single ? Avez-vous discuté du concept ensemble, ou l’avez-vous laissé libre ?

    On se connaît bien, on a écrit beaucoup de chansons ensemble, et Floo Flash avait même ouvert pour Starshooter en 81. L’an dernier, il m’a invité sur scène au concert de ses 40 ans de carrière à Lyon et il m’a proposé un visuel pour Floo Flash pour me remercier. Résultat : il a trouvé l’illustration parfaite pour « Nos Idoles » ! Je l’ai évidemment laissé libre de faire ce qu’il voulait.

    Hervé, après Floo Flash, vous avez eu un parcours singulier, du Canada aux États-Unis…

    Qu’est-ce que ces expériences vous ont appris ?Comme je l’ai dit précédemment, j’ai compris principalement comment s’enregistre la musique que j’aime, à savoir le rock au sens large mais aussi le folk, style dans lequel je suis davantage aujourd’hui. À l’époque de Floo Flash, j’étais totalement ignorant de ce point de vue.

    Comment faire pour éviter l’écueil du « revival » et garder la fraîcheur, sans se contenter de reproduire ce que vous faisiez hier ?

    Je ne sais pas si c’est un écueil. On avait déjà été assimilés au revival mod dans les années 80. Mais j’assume le côté revival. On m’a déjà dit que ce projet sonnait très rock des eighties, mais c’est un peu normal puisque ces chansons ont été écrites dans les eighties par un groupe des eighties, c’était l’objectif ! On a d’ailleurs laissé les chansons dans leur jus, on a gardé tous les plans de guitares, les structures… Je serais de toute manière incapable d’écrire des chansons pour Floo Flash en 2025. Par contre, on a bien bossé l’aspect production, le son… On avait des gens très compétents pour ça. Le producteur de David Bowie qui mixe Floo Flash, qui l’eût cru ?

    Peut-on espérer une tournée, un album, ou d’autres projets après cet EP ?

    Oui, si on a des propositions sérieuses. Pour le moment, on a juste un projet en Angleterre qui nous vient de notre affiliation au mouvement mod. Il pourrait y avoir aussi un autre EP de Floo Flash car il reste des chansons que l’on n’a pas utilisées. Mais il y a aussi mes projets solos qui m’attendent…

    Si Floo Flash avait 20 ans aujourd’hui, que changeraient Spotify, Instagram ou TikTok dans votre manière de vous lancer ? Voyez-vous la scène actuelle comme une chance ou comme une contrainte pour les nouveaux groupes ? Et quid de l’IA ?

    Tout a changé. À l’époque, sans label tu n’existais pas. Aujourd’hui, tout le monde peut sortir un disque, mais il y a tellement d’offres qu’on s’y perd. L’avantage, c’est qu’on peut mener plusieurs vies musicales. On a la place pour ça. Moi, j’ai mon côté folk, mais faire une parenthèse rock ou power pop et revenir à mes premiers amours musicaux m’amuse beaucoup. En 2025, c’est possible de tout mener de front. L’IA ? Je regarde ça de loin. Peut-être qu’un jour, j’essaierai d’écrire une chanson avec une IA pour voir… ou plutôt pour écouter.

    L’EP Rose Bonbon, sorti le 5 septembre, disponible à l’écoute et à l’achat ici

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