mercredi, juillet 16, 2025
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    Les dossiers de GBD : Tears for fears

    Voici 42 ans dans BEST, GBD s’apprêtait à ouvrir une des pages les plus vaillantes de la pop music made in England avec cet LP inaugural d’un duo inconnu originaire de Bath, qui répondait à l’étrange patronyme de Tears For Fears. Et avec « The Hurting » Roland Orzabal et Curt Smith allaient non seulement pulvériser les charts, mais surtout inscrire durablement leurs harmonies dorées, leurs « graines d’amour » et leurs synthés irrésistibles dans nos paysages musicaux, inspirant même des générations de hip hoppers. Flashback…

    En chroniquant ce tout premier LP de TFF j’étais bien loin de me douter que ma relation avec Roland Orzabal et Curt Smith s’étendrait jusqu’à notre 21ème siècle. Pourtant en découvrant « The Hurting » propulsé par ses trois hits imparables « Mad World », « Change » et « Pale Shelter » je suis instantanément devenu accro aux compositions du duo de Bath. Tears For Fears ( Voir sur Gonzomusic , , et ), à la manière d’OMD ( Voir sur Gonzomusic ) ou encore de Depeche Mode allaient compter parmi mes « clients habituels » à qui j’allais tendre mon micro pour BEST quasiment à chaque sortie d’album. Cependant ce disque allait aussi inspirer les générations du hip hop qui allaient sampler à tours de bras et bien des années plus tard cet album. C’est ainsi qu’au moins trois des titres de « The Hurting » ont été samplées par certains des artistes parmi les plus populaires. Pour mémoire, « Memories Fade » a été réarrangée par Kanye West sur son quatrième album studio 808s & Heartbreak (2008) pour devenir « Coldest Winter ». « Ideas as Opiates » a été samplée par Drake sur sa chanson « Lust for Life », issue de sa troisième mixtape So Far Gone (2009). Quant à « Pale Shelter », il a été samplé par The Weeknd sur la chanson « Secrets » de son troisième album studio Starboy (2016) et le Canadien n’a jamais caché toute son admiration pour le son TFF. Et nous donc jusqu’à leur tout dernier CD de 2024… et bien au-delà !

    Roland Orzabal et Curt Smith ont bien de la chance, leur premier album devient disque du mois pour l’Angleterre. En écoutant Tears for Fears, on se dit que ça n’est vraiment pas surprenant : « The Hurting » colle parfaitement au spectre sonore anglais du moment. Romantisme poppy et synthétique, Tears for Fears est joliment emballé. Passez-moi le kleenex et analysons un peu ces larmes. H20 avec quelques traces Curestes des indices d’Echo and the Bunnymen, quelques Soft Cells et une forte concentration de globules Orchestral Manœuvres in the Dark. Ces larmes-là, croyez-moi, contiennent du Blancmange ( Voir sur Gonzomusic ), du Dolby ( Voir sur Gonzomusic ), du Depeche Mode et quelques autres duos synthétiques voués au roller-coaster branché et au mépris d’Embareck. Moi, ils me font plutôt marrer et je me fiche de savoir si c’est du rock, de la variété, de la musique d’aéroport ou des crottes en chocolat. C’est le résultat qui compte. Teàrs for Fears, malgré des textes aux frontières de l’ennui, excelle dans son alchimie. Curt et Roland ont ce qu’on appelle un joli brin de voix ; s’ils ont écouté attentivement les disques des Fab Four, ils ont bien retenu la leçon et quelques autres aussi. Vive l’amalgame o(smo)sé. Alors, larmes de synthèse ou synthèse des larmes ? Heu, B4 navire coulé.

    Gérard Bar-David // gonzomusic.fr
    Paru dans BEST 178, mai 1983

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