À quelques jours d’un été brûlant, Yungblud revient sur un week-end qui a tout changé : un hommage brûlant à Black Sabbath, une performance qui cloue le bec aux sceptiques, un film brut et viscéral, et des collaborations de rêve qui s’annoncent. Entretien avec un artiste en feu.
Salut Dom, les derniers jours ont eu l’air d’être assez intenses…
Dominic Harrison : « Intenses ? C’était carrément bouleversant. Tu crois avoir atteint un certain niveau, puis un week-end comme celui-là te rappelle à quel point tu ne sais rien. Mais j’en ressors heureux. Me retrouver à Birmingham entouré de quasi tous les rockeurs que j’avais sur mes murs ado… c’était irréel. Il y avait Scott Ian d’Anthrax, James Hetfield de Metallica, Chad Smith des Red Hot, Billy Corgan des Smashing Pumpkins… C’était un de ces moments où tu sais que tu dois t’élever. »
Ta reprise de “Changes” a été saluée un peu partout.
« Je savais que ce serait un public difficile – des puristes du métal, et beaucoup pensaient que je n’avais rien à foutre là. Après le concert, Brian May m’a envoyé un message : ‘le silence de ces gens-là était assourdissant’. Je crois que même les plus sceptiques commencent à comprendre. »
C’était ton idée, de reprendre “Changes” ?
* »Ouais, c’est moi qui l’ai demandée. C’est Tom Morello qui a organisé tout ça, et je lui ai dit direct : ‘File-moi la ballade.’ Il était hésitant, mais je lui ai répondu : ‘Fais-moi confiance, je vais retourner la salle.’ »
Tu sentais que tu avais quelque chose à prouver ce soir-là ?
« Une fois sur scène, j’ai tout oublié. C’était juste moi qui disais merci à mon putain de héros. Backstage, c’était que des artistes qui, à eux tous, ont vendu des milliards de disques. Et tout a commencé avec Black Sabbath. J’étais pas nerveux. J’étais exactement là où je devais être. »
Tu jouais à Rock Werchter le même jour. Pourquoi c’était si crucial pour toi d’être à Birmingham ?
« Je pouvais pas louper ça. Je suis devenu très proche d’Ozzy. Sa musique m’a sauvé, et ses conseils m’ont porté. Quand je me sentais incompris, je l’appelais en larmes. Il me disait toujours : ‘Les gens ne te comprendront pas. Alors ne dévie pas. Bats-toi, pousse plus loin.’ Ozzy, c’est pas juste mon idole. C’est ma famille. »
Certains fans ont vu ta performance comme un passage de relais. Tu es d’accord ?
« Hier encore, je parlais à Ozzy. Je lui ai dit : ‘Merci. Je vais tout faire pour te rendre fier.’ J’aime profondément le rock, et j’ai l’impression qu’il revient. Les gens sont prêts. Alors ouais, je prends le flambeau, et je cours avec. »
L’ambiance backstage devait être unique…
« C’était Noël pour rockstars. Des accolades, du respect, entre les anciens et la relève. L’énergie était folle. J’ai reçu une tonne de messages après le show pour bosser en studio avec des gens. Incroyable. »
Tu as répondu ?
« J’ai parlé avec Lenny Kravitz, Slash m’a écrit… Franchement, je vais bosser avec tous mes héros. Pourquoi pas ? On veut se retrouver à la fin de l’année, peut-être aux Bahamas ou en Jamaïque, pour bosser sur un projet. Je veux caler ça avant la deuxième partie de la tournée ‘Idols’. »
Tu sembles regonflé à bloc.
« Complètement. Quand j’ai commencé, je sortais des morceaux comme un rappeur. J’ai retrouvé cette audace. ‘Idols Part 2’ est prêt. Un autre projet est déjà enregistré. Je veux balancer de la musique non-stop. »
Ton film Are You Ready, Boy? sort dans quelques semaines. Comment est née l’idée ?
« ‘Idols’ est un album old school, donc je voulais en faire une version live. Je rêvais de bosser avec Paul Dugdale depuis longtemps. Et en tant que fan hardcore de Bowie, je devais aller aux studios Hansa. On a donc imaginé ce plan : sur dix jours, monter le projet musical le plus ambitieux de ma vie, tout filmer, et voir ce qui se passe. »
Et qu’est-ce qui s’est passé ?
« J’étais en plein chaos personnel. Une période de transition violente, pleine de trauma, d’excitation, d’énergie brute. Avec le groupe, on avait passé quatre ans à bosser un album sans faire de scène depuis plus d’un an. Il y avait de la frustration. Et j’aborde aussi, pour la première fois, ce qui s’est passé avec la personne que j’ai aimée plus que tout.
C’est pas une télé-réalité montée de toutes pièces. C’est brut. Des disputes, des larmes, des rires, des nuits de fête. Même moi et le réalisateur, on se prend la tête. C’est vraiment le bordel. »
Tu n’as pas peur que certaines choses soient trop exposées ?
« Tout est affreusement personnel. Mais je m’en fous. Le combat de ma vie, c’est que les gens ne me croient pas. Alors je réponds avec la vérité, point. Au début, je voulais juste capter les morceaux joués à Hansa. Mais c’est devenu un regard extérieur, cru, qui capture tout. Je déteste me voir comme ça, mais c’est authentique. »
Et jouer à Hansa, ça fait quoi ?
« Ce plafond… magique. Bowie y a enregistré Heroes. U2 y a fait One. Avant d’y entrer, je pensais devoir prouver ma légitimité. Mais en y posant les pieds, j’ai su que j’étais à ma place.
Le message de ‘Idols’, c’est justement ça : retirer le piédestal, te tenir au même niveau que tes idoles, et leur dire ‘Maintenant, c’est mon tour.’ C’est une histoire de potentiel. Le documentaire capte ce moment précis : le voyant rouge s’allume, et tu te demandes ‘T’es prêt, Dom ? Are you ready, boy ?’”
Yungblud sera en tournée en Europe et en Amérique du Nord fin 2025, avant une tournée des arénas au Royaume-Uni en 2026. Le film Are You Ready, Boy? sortira au cinéma le 20 août. Inscriptions, infos et billetterie : Yungblud.film